samedi 28 novembre 2009

Intermède poétique





        J'aime ces doux oiseaux...

        J'aime ces doux oiseaux, qui promènent dans l'air
        Leur vie et leur amour, et plus prompts que l'éclair,
        Qui s'envolent ensemble !
        J'aime la fleur des champs, que l'on cueille au matin,
        Et que le soir, au bal, on pose sur son sein
        Qui d'enivrement tremble !

        J'aime les tourbillons des danses, des plaisirs,
        Les fêtes, la toilette, et les tendres désirs
        Qui s'éveillent dans l'âme !
        J'aime l'ange gardien qui dirige mes pas,
        Qui me presse la main, et me donne tout bas
        Pour les maux un dictame !

        J'aime du triste saule, au soir muet du jour,
        La tête chaude encor, pleine d'ombre et d'amour,
        Qui se penche et qui pense !
        J'aime la main de Dieu, laissant sur notre cœur
        Tomber en souriant cette amoureuse fleur
        Qu'on nomme l'espérance !

        J'aime le doux orchestre, en larmes, gémissant
        Qui verse sur mon âme un langoureux accent,
        Une triste harmonie !
        J'aime seule écouter le langage des cieux
        Qui parlent à la terre, et l'emplissent de feux
        De soleil et de vie.

        J'aime aux bords de la mer, regardant le ciel bleu,
        Qui renferme en son sein la puissance de Dieu,
        M'asseoir toute pensive !
        J'aime à suivre parfois en des rêves dorés
        Mon âme qui va perdre en des flots azurés
        Sa pensée inactive !

        J'aime l'effort secret du cœur, qui doucement
        S'agite, la pensée au doux tressaillement,
        Que l'on sent en soi-même !
        Mieux que l'arbre, l'oiseau, la fleur qui plaît aux yeux,
        Le saule tout en pleurs, l'espérance des Cieux...
        J'aime celui qui m'aime.

        Jules Verne (1828 - 1905)




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